Flinglande! Encore une fusillade dans un lycée ! Cette fois-ci, c’est l’admirable Finlande qui fait le service. Il est habituel d’apprendre qu’on a commencé l’année scolaire, voire le trimestre, par un carnage dans une fac américaine. Aussitôt, les opinions sont figées dans la Certitude : c’est ces cons de Ricains, avec leurs armes et leur culture de la violence ! Et ces commentaires sont toujours très affirmatifs, alors même qu’ils s’appliquent à un des phénomènes les plus étranges de l’époque. Seulement cette fois, c’est non seulement en Europe que se déroule la tuerie, mais surtout dans la raisonnable Finlande, un de ces fabuleux pays du nord qu’on cite toujours en exemple mais où personne ne décide d’aller vivre heureux. La Finlande, un pays qui a su cultiver le respect des lois comme d’autres cultivent la canne à sucre, où les citoyens sont des modèles de vertu, où l’on attend devant le passage pour piétons quand le petit bonhomme est allumé en rouge, où l’on ne pète qu’après avoir proposé des boules Quiès à ses voisins de palier ! Et elle n’en n’est pas à sa première tuerie scolaire, la Finlande…
La Finlande venait juste de refuser de s’aligner sur les normes européennes en matière de commerce d’armes à feu. Elle a décidé de changer d’avis, et va sévir fissa! Même si les homicides par armes à feu ne représentent que 15% du total, et même si le tueur du 6 novembre dernier était majeur, le gouvernement va interdire la vente des armes aux mineurs. Ne pas prendre de mesures, même des mesures curieuses, aurait été très mal apprécié des partenaires européens.
Une autre loi est attendue : l’obligation de porter des gilets pare-balles dans l’enceinte des collèges et lycées. Cette mesure ne s’appliquerait pas dans les écoles primaires, mais les associations de parents d’élèves locales sont en train de s’en plaindre. Aux dernières nouvelles, on proposerait d’installer des portiques anti flingues dans ces écoles, pour calmer « l’angoisse des parents ».
Martyrs... Selon Ségolène Royale, les gilets pare-balles ne sont pas une réponse citoyenne au problème de la violence scolaire. « La France ne connaît pas cette sorte de violence extrême, et tant mieux, mais nous ne faisons rien par ailleurs pour endiguer le fléau des cartables trop lourds, qui eux aussi sont une souffrance et peuvent entraîner certains élèves fragiles à des extrémités. Mais bien sûr, ça ne fait pas les gros titres, personne n’en parle. Hé bien moi, je le fais !»