Il est bien évident que tout le monde se fout du tennis, de l’Open d’Australie et de Jo-Wilfried Tsonga. Les sports professionnels, qu’ils soient spectaculaires ou non, sont trop inféodés à l’argent et au type de vulgarité qui y est attaché pour avoir encore la moindre excuse. Le tennis en est une sorte de modèle cynique, où l’on vante l’intérêt d’une compétition en précisant qu’elle est « dotée de 2 millions de dollars ». Moi, de toutes façons, je préfère le patinage artistique.
Les français ne gagnent plus de tournois du grand chelem depuis 25 ans, bon. Chaque fois qu’un Français fait un petit truc, la presse nationale se roule dans l’allégresse, tandis que des gamins de 20 ans – étrangers- raflent les tournois sans faire de vagues. C’est un genre de chauvinisme que Goscinny avait réussi à rendre sympathique dans « Astérix aux Jeux olympiques ». Ce début 2008 est donc la période Tsonga. Ce mec joue au tennis, il bat des salauds d’Espagnols : très bien, et je m’en tape. L’intérêt peut aussi être ailleurs.
Pierre Jaxel-Truer a un nom ridicule, mais il n’en est probablement pas responsable. Il écrit des articles dans le Monde, et ça, on peut le lui reprocher. Sous le titre époustouflant « le déboulé du Mohamed Ali des courts », ce mec nous brosse un portrait inframince de l’inutile joueur de baballe, dans lequel il le compare à Mohamed Ali et à Yannick Noah. Je n’irai pas jusqu’à vérifier si Tsonga a le même style que Noah (et, donc, si la comparaison est techniquement justifiée), mais je parie qu’il diffère de celui de Mohamed Ali en plusieurs points. J’y connais rien en sport mais ça, je le sais ça !
Au lieu de nous présenter Tsonga comme un joueur s’inscrivant dans une lignée de joueurs de tennis, de faire des comparaisons de style, de comportements, d’atouts physiques ou techniques, le plumitif ramène Tsonga à sa couleur de peau. Je n’ai jamais entendu nulle part qu’on comparaît Federer à Michel Audiard (ils sont pourtant blancs tous les deux), ni Navratilova à Georges Pompidou, mais comparer un tennisman noir à un autre tennisman noir, ou un boxeur noir, ou un chauffeur de taxi noir, ça devient fréquent ! A qui comparaît-on Noah en son temps ? Arthur Ashe…
Mais calmons-nous : je ne dis pas que Pierre Jaxel-Truer est raciste. Ce serait faux, ridicule, indigne, soûlant, tartufesque, etc. Mais comme de plus en plus de monde aujourd’hui, il nage dans le racialisme, une vision de la société et du monde où il est rigoureusement impossible de sortir de son déterminisme ethnico racial. Le modèle américain est connu, il perdure, il se développe. On présente Leonardo Di Caprio comme un « italo-américain », alors que sa mère s’appelle Irmelin Idenbirken (authentique !), comme toute bonne teutonne. On parle d’Arthur Ashe comme d’un tennisman noir américain, comme si la mention « noir » était capitale pour savoir qui est ce mec. Ce modèle racialiste est importé en France par les plus cons d’entre nous, les plus fainéants, les inconscients, les militants, les cyniques, les abrutis, les têtes à gifles, les broute-foin, les peigne-culs et Pierre Jaxel-Truer.
Son merdique articluet :