Ha, le rock… le gros son, la rébellion… l’anarchie ! Ha la vie libre… la vie d’artiste, le militantisme sexuel, la transgression dans ta gueule, bourgeois ! Ceux qui n’ont pas connu le frisson d’un public qui se roule par terre de joie ne peuvent pas comprendre…
Bien sûr, les observateurs un peu plus lucides ont compris depuis longtemps qu’au milieu de ce fatras de clichés, la seule chose qui demeure, solide, immuable, éternellement renouvelée, c’est le marketing… Une illustration provinciale ici même avec ce superbe fly pour un festival étonnement original en ces temps transgressifs : « Les femmes s’en mêlent ». Il est dit que pour faire de la thune, le produit « femme » sera décliné partout, en toutes circonstances, et dans toutes les positions. Jusque là, les femmes étaient surtout cantonnées au rôle de spectatrices (et je m’en désole sincèrement) mais là, attention, poussez-vous machos, elles déboulent ! Vous allez voir ce que vous allez entendre !
Du pur Séguéla...
Les connaisseurs de la chose vous diront que le lesbianisme évoquait plutôt la douceur (des femmes) que la brutalité (des zommes !), l’attention portée à l’autre que l’égoïsme, la lenteur des caresses plutôt que la rapidité du coup tiré, enfin, toutes ces conneries pour livre d’éducation sexuelle en collège. En tous cas, l’histoire de l’humanité ne nous avait pas permis d’associer l’image de deux nymphes en train de se mâchouiller le gazon avec celle de la révolte qui éclate, du boulet de canon qui dévaste l’édifice social, ni des ravages d’un déferlement de révolutionnaires pas contentes. C’en est bien fini. On est ici en présence des quatre chevalières d’une apocalypse rebelle, hou la la.
Elles annoncent la couleur : « des chansons rebelles pour les lesbiennes d’aujourd’hui » (les vieilles gouines, à l’asile !), « même si les hétéros » (hououou !) « et les cravatés » (lire : des coinços de droite) « aiment ça aussi » (mais on joue pas pour ces ploucs)… Même pour un marchand de bagnoles ou d’écrans plats, il est difficile d’imaginer un ciblage de clientèle plus rigoureux. Dire que ces adeptes de la rébellion marketée doivent dégueuler à longueur de temps sur TF1… Enfin, en tant que mec hétéro, j’ai donc compris le message : je ne suis pas le bienvenu. J’ai risqué une oreille hétéro sur Myspace, mais je n’ai plus la force de donner le lien : démerdez-vous ! La puissance révolutionnaire de ces stalinettes brouteuses m’a enfoncé si fort mes préjugés hétéros dans le cul que j’en suis toute chose, tout à coup…
Apprenez que le vieux monde va finir, chiens masculins, et vos grosses bites avec !