jeudi 18 septembre 2008

Beauf story

On ne le sait pas forcément, mais Johnny Hallyday n’a pas fait que massacrer le rock : il a aussi massacré la bonne vieille chanson française.

Dans les deux extraits proposés, nous verrons d’abord Johnny au Sacha Show, en 1967. Il massacre une chanson des plus simples (deux accords, ré et la7) mais en lui apportant sa touche caractéristique : il prononce « gorile » au lieu de « gorille ». J’ai eu beau me pencher sur les plus complets dictionnaires de la langue française, je n’ai pas trouvé qu’un autre homo sapiens ait jamais appelé ainsi notre massif cousin.



Mais il ne faut pas être trop sévère avec les idoles. Après tout, même Johnny peut avoir un défaut ! Nous lui pardonnons donc sans hésitation.

Le problème, c’est ce second extrait, tiré quant à lui de la splendide émission « Top à Johnny », et qui date de 1972, c'est-à-dire de cinq ans plus tard. Surprise : Johnny s’obstine à ignorer ce qu’un enfant de cinq ans connaît déjà, et rebombarde « gorile » le quadrupède innocent. Notons au passage la difficulté rencontrée dès que le vedette se risque à faire une phrase : Wouah, le rock, c’est pas du blabla, tu vois ?



On me dira : tu tires sur une ambulance. Ben merde ! une ambulance comme ça, qui fit l’objet du culte nationalo raffarinesque, dont la France émue fêta le 60ème anniversaire comme elle fit, jadis, des funérailles formidables à Victor Hugo ! Une ambulance qui remplit non seulement les stades, mais ses poches ! une ambulance qui représente quelque chose pour des milliers de Francaoui pressés de payer de BELLES SOMMES pour l’entendre ! Et surtout, une ambulance qui sera honorée comme une icône nationale quand viendra l’heure de la Grande Soustraction et que, rendue au silence d’avant Lui, la France organisera un commerce de Sa Putréfaction... Ben merde !

Johnny n’est pas exécrable en raison de ce qu’il est : s’il fallait détester tous les nazebroques, on mourrait d’épuisement en moins d’un quart d’heure. Il représente simplement le triomphe du faux, le règne à prétention hégémonique des marchands de camelote. Il symbolise tout ce que l’époque met en place pour donner à bouffer de la daube au peuple ainsi méprisé : faux puits en plastique pour mettre dans le jardin, fausses poitrines de rêve, faux parquets imitation bois, yaourts « goût fraise », résidence de rêve à Palavos-les-flats, faux R’n B, fausses poutres apparentes en polystyrène, fausse « découverte de l’Egypte » en bus climatisé, faux événements soigneusement organisés par le Conseil régional, faux rebelles subventionnés, faux diplômes, faux emplois en CDD et tout ce que la tromperie invente chaque jour pour nous faire passer pour des cons.

Comme il est entendu que toute chose n’a de la valeur que si elle est dite « de masse », nous nous farcissons donc un « chanteur de masse » depuis près de cinquante ans (50 !) : ben merde !