vendredi 12 mars 2010
Luchini et Muray à l'atelier
Le livre a été inventé par des égoïstes qui voulaient fournir la joie de s’isoler au plus grand nombre. Dans le livre en tant qu’objet, tout indique le plaisir solitaire, ou l’effort du même nom. Les caractères sont petits, la place idéale pour les lire est totalement occupée dès qu’une personne s’y trouve : c’est une affaire intime. A ceux qui prédisent un avenir funeste au livre, je réponds qu’ils se trompent : l’isolement intime, le retrait de la Course, le silence intérieur et la lenteur du verbe construit deviendront bientôt tellement rares, tellement subversifs, que même les plus sots des hommes (nos descendants) en comprendront la valeur. Il n’est même pas interdit de penser qu’ils y trouveront autre chose qu’un bête plaisir : un moyen de survivre.
Cependant, il n’est pas interdit de lire à plusieurs, c'est-à-dire à haute voix, quand le texte en vaut la peine et qu’on possède une diction irréprochable. C’est ce que fait l’immense Fabrice Luchini depuis des années, et bien plus. Je signale donc au lecteur parisien que Luchini lit Philippe Muray ce week end, au théâtre de l’Atelier, dans le dix-huitième arrondissement.
Petit veinard.