lundi 15 octobre 2007

Des drones pour la vie

Un drone moche

Nous avons appris récemment que le ministère de l’intérieur envisageait d’utiliser des drones pour surveiller les « zones sensibles », banlieues chaudes et manifs diverses. De petits avions furtifs équipées de cameras (non, les gaz de combat, MAM le jure, c’est pas pour tout de suite) pour faire du renseignement opérationnel depuis les airs. Bien sûr, certains dénoncent l’utilisation de matériels militaires pour traiter des problèmes civils, oubliant que les armes à feu, les gilets pare-balles, les casques, les jumelles à intensificateur de lumière sont par essence des objets d’origine militaire. Passons.

De source bien informée, on nous fait savoir que la mairie de Paris utilise déjà des drones, appelés Pacificator (Petit Auxiliaire Commandé Informatiquement, Furtif, Invisible, Capable d’Alerter sur les Troubles à l’Ordre Républicain) depuis deux ans. Il ne s’agit pas d’un drone proprement dit, mais d’un système espion pouvant être embarqué sur des drones de types différents. La première utilisation (été 2005) fut faite dans le cadre de Paris-Plage. Un sous-marin automatique surveilla les bords de seine, renseignant les autorités sur la fréquentation des berges (et donc sur les moyens à mettre en face pour que l’ordre, même discret, règne), sur les pugilats et les vols de sacs de plage. Une attention toute particulière fut accordée dès cette année aux bousilleurs de tous genres, notamment les tagueurs, canaille réputée ennemie personnelle du responsable de la sécurité de l’opération. Quelques viols furent empêchés, « mais pas les tripotages », nous apprend-on.

Pacificator aux abords de l'île Saint Louis. 25/07/2005.

Bien que l’info n’ait pas été confirmée pour l’instant, nous savons que Pacificator est également employé pour la surveillance de certaines terrasses de cafés et des abords de cinémas à titre expérimental. Monté sur un minuscule engin volant (de la taille d’une grosse libellule, en moins bruyant), ce système envoie des informations aux commissariats voisins de ses lieux de chasse, sous forme de vidéos et de sons. Il est désormais techniquement possible de capter des conversations à plus de dix mètres de distance (grâce à un système directionnel mis au point chez Vlangare à Taiwan) et surtout de faire le tri entre les paroles anodines (conversations sur le foot, sur les embouteillages et les barbecues) et les conversations sensibles (gloses sur l’actualité politico sociale, controverses philosophiques et projet d’assassinat d’innocents). En temps réel, un ordinateur « comprend » ce qui se dit (en réagissant à des mots-clés) et bascule la bavette dans la case des « enregistrées » ou dans celle des « non sensibles ». L’image suit le même traitement.

Le tout premier essai de ce type de surveillance fut réalisé du 4 au 30 octobre 2005 aux terrasses des cafés des abords de la Sorbonne, mais la teneur trop systématiquement révolutionnaire des conversations englua le dispositif, et les disputes, à l’analyse, furent jugées peu sérieuses.

Méfiance...