Le premier qui me traite de président, j'lui nique sa mère !
Dans le domaine de la politique, il serait assez simple de démontrer, exemples à l’appui, que les médias fabriquent de toutes pièces des sujets, surfent sur certaines vagues par le biais de sondages, poursuivant un but unique et jamais évoqué : vendre du papier. Certaines périodes sont plus propices aux combinazione des médias, surtout les périodes post-électorales. On se souvient, par exemple, de la nomination du stupéfiant Jean-Pierre Raffarin au poste de premier ministre comme une période particulièrement favorable pour les médias français. Homme d’appareil et de parti depuis longtemps, le type semblait sortir de nulle part, c'est-à-dire du Sénat, du Conseil Régional de Poitou Charentes et de l’enivrant club Giscardisme et modernité. Pain béni pour les médias, qui firent leur maximum pour diffuser l’image d’homme de terrain de cet authentique pro de la politique, c'est-à-dire pour collaborer à l’édification de ce qu’on appellerait un mythe, si le sujet ne se nommait pas Raffarin… Personne n’a oublié le ton d’allégresse médiatique des articles sur ce champion des sondages, dont on vantait le sens du contact, la compassion pour les petites gens, le goût simple et la capacité (unique dans l’Histoire de France) de prononcer des phrases ridicules devant les caméras sans la moindre honte. Chaque jour, les images le montraient en Sisyphe de la poignée de main et de la tape dans le dos, tandis que les commentateurs s’extasiaient entre deux léchages de cul. La France d’en bas, rappelons-nous que c’est de lui. Puis le pitre s’est cassé la gueule, comme il était écrit qu’il le ferait, et les médias on accompagné le mouvement.
Il est bien évident qu’à l’exception de quelques benêts, personne, dans la presse mondiale, n’en n’avait rien à foutre de Raffarin ! Le problème n’est pas ici de relever une éventuelle collusion ni des « idées » trop convergentes entre le monde politique et les médias, mais une gamme de techniques de camelots que la presse utilise pour donner aux gens l’impression qu’il se passe quelque chose autour d’un personnage, souvent présenté par rapport à un modèle du passé tenu pour grand (Pinay, de Gaulle, Mendès, Jeanne d’Arc) et systématiquement éclairé avantageusement au début de ce que tout un chacun appelle désormais un « état de grâce », alors que ce n’est qu’un buzz. Sauf à croire qu’un premier ministre nommé par Jacques Chirac (n’oublions pas ce détail) pouvait se transformer subitement en homme providentiel, il était clair dès le début qu’on avait affaire à une manœuvre médiatique d’amplification systématique. Le simple ton employé à la télévision pour relater l’important déplacement du Raffarin dans une coopérative agricole inondée participait de cet entertainment, de cette auto suggestion encourageant l’optimisme et les commentaires épatés.
On a utilisé les mêmes techniques après la dernière élection présidentielle. Les sondages étaient bons pour le Pèzident, il dînait dans des palaces, faisait du yacht dans le Pacifique, se glandait les burnes dans des résidences princières ou donnait l’avis de la France dans une importante conférence internationale, c’était égal : les médias enfilaient les reportages épatés à chaque occasion, jogging poussif ou négo sévère avec la Libye (il est bien évident que je fais allusion aux médias dominants, les acteurs plus confidentiels étant généralement critiques par vocation). Il suffit d’avoir dix ans de recul sur ce genre de phénomène pour se souvenir qu’un mec élu a TOUJOURS de bons sondages pendant un temps, et qu’il se casse la gueule ensuite. C’est vrai depuis qu’on sonde, ce fut vrai pour Mitterrand et Chirac, et ça n’a pas empêché leur réélection. Accorder de l’importance aux bons sondages d’après élections est donc une abominable couillonnade indigne du journalisme le plus amateur, mais ça fait vendre du papier. Et bien sûr, l’information, même sondagière, s’autoalimente en permanence dans un sens ou dans un autre (effets bandwagon et underdog – en gros, suivisme des sondés).
Venons-en au sujet actuel : Bertrand Delanoë. Tout le monde a remarqué que les médias présentent ce type comme un présidentiable depuis pas mal de temps, contre toute évidence. Avant la dernière présidentielle, il semblait qu’il fallait absolument qu’il se présente contre Ségo, Fabius et Strauss Kahn, même s’il n’était pas d’accord lui-même… Après les municipales, on nous ressort la même salade : il a conservé sa mairie, il est « la personnalité politique préférée des Français » (sondage), il est donc très utile pour monter artificiellement un semblant de suspens au sein du PS. Ségo contre Delanoë, c’est aussi subtil que Beatles contre Rolling stones ! S’il suffisait d’être « la personnalité préférée des Français » pour être bombardé big boss, on aurait connu les règnes de Rocard, de Delors, de l’abbé Pierre, du commandant Cousteau, et on en serait bel et bien à yannick Noah… On cherche même à nous convaincre que Delanoë serait sur un parcours comparable à un certain Chirac, au motif ridicule qu’il fut lui aussi maire de Paname, alors que Chirac, patron et créateur d’un parti fort, organisant sa vie publique autour de la conquête de l’Elysée, était passé deux fois par Matignon avant. Delanoë n’a même jamais été ministre des écoles maternelles ! A part briller dans des pinces-fesses internationaux et échouer à l’organisation des J.O. qu’a-t-il fait de particulier ? Battre Tiberi ? Tapisser Paris de couloirs de bus ? Hisser la motocrotte au rang d’art du vivre ensemble ?
On a utilisé les mêmes techniques après la dernière élection présidentielle. Les sondages étaient bons pour le Pèzident, il dînait dans des palaces, faisait du yacht dans le Pacifique, se glandait les burnes dans des résidences princières ou donnait l’avis de la France dans une importante conférence internationale, c’était égal : les médias enfilaient les reportages épatés à chaque occasion, jogging poussif ou négo sévère avec la Libye (il est bien évident que je fais allusion aux médias dominants, les acteurs plus confidentiels étant généralement critiques par vocation). Il suffit d’avoir dix ans de recul sur ce genre de phénomène pour se souvenir qu’un mec élu a TOUJOURS de bons sondages pendant un temps, et qu’il se casse la gueule ensuite. C’est vrai depuis qu’on sonde, ce fut vrai pour Mitterrand et Chirac, et ça n’a pas empêché leur réélection. Accorder de l’importance aux bons sondages d’après élections est donc une abominable couillonnade indigne du journalisme le plus amateur, mais ça fait vendre du papier. Et bien sûr, l’information, même sondagière, s’autoalimente en permanence dans un sens ou dans un autre (effets bandwagon et underdog – en gros, suivisme des sondés).
Venons-en au sujet actuel : Bertrand Delanoë. Tout le monde a remarqué que les médias présentent ce type comme un présidentiable depuis pas mal de temps, contre toute évidence. Avant la dernière présidentielle, il semblait qu’il fallait absolument qu’il se présente contre Ségo, Fabius et Strauss Kahn, même s’il n’était pas d’accord lui-même… Après les municipales, on nous ressort la même salade : il a conservé sa mairie, il est « la personnalité politique préférée des Français » (sondage), il est donc très utile pour monter artificiellement un semblant de suspens au sein du PS. Ségo contre Delanoë, c’est aussi subtil que Beatles contre Rolling stones ! S’il suffisait d’être « la personnalité préférée des Français » pour être bombardé big boss, on aurait connu les règnes de Rocard, de Delors, de l’abbé Pierre, du commandant Cousteau, et on en serait bel et bien à yannick Noah… On cherche même à nous convaincre que Delanoë serait sur un parcours comparable à un certain Chirac, au motif ridicule qu’il fut lui aussi maire de Paname, alors que Chirac, patron et créateur d’un parti fort, organisant sa vie publique autour de la conquête de l’Elysée, était passé deux fois par Matignon avant. Delanoë n’a même jamais été ministre des écoles maternelles ! A part briller dans des pinces-fesses internationaux et échouer à l’organisation des J.O. qu’a-t-il fait de particulier ? Battre Tiberi ? Tapisser Paris de couloirs de bus ? Hisser la motocrotte au rang d’art du vivre ensemble ?
Un empire! Un peuple! Un maire de Paris !
Non, il est au PS depuis des décennies et n’a visiblement jamais montré d’appétit pour le rôle de chef présidentiable. Il est plus que probable que Delanoë ne sera jamais Président de la République, et même qu’il ne se risquera jamais à se présenter comme candidat. Il se fait élire assez peinard par des Parisiens « de gauche » qui votèrent OUI à 65% au référendum sur le traité constitutionnel européen, mais la France n’est pas encore couverte de bobos… Les médias ne peuvent pas se permettre de laisser une certaine forme de silence s’installer dans le flux d’informations qu’ils mijotent. Que Sarko soit mis en retrait temporairement, que le PS n’ait pas encore clairement réglé ses soucis internes, et voilà qu’on fabrique des bulles autour d’un aimable clampin, accessoirement maire de Paris, et qu’on tente de convaincre le pays que cet homme couchera un jour à l’Elysée. Pour les médias, l’idéal est probablement de transformer la vie politique en parc d’attractions, avec frissons garantis, surprise au bout du tunnel et renouvellement permanent des manèges. Tant qu’y a des cons qui paient ! C’est Franceland© fait de l’analyse politique …