mercredi 16 septembre 2009
La révolution Ségolène
Depuis quelque temps, Ségolène Royal est en roue libre, elle n’est plus qu’un mobile qui part en couille à chaque virage. Dès que l’occasion ne se présente pas, elle se répand en excuses pour des faits qui ne la concernent pas, auprès de gens qui ne lui ont rien demandé. Sa dernière culpa party, chacun s’en souvient, s’était adressé à l’Afrique, en toute simplicité, et aux Africains médusés. Quand elle parle, Royal s’adresse désormais à des continents, elle apostrophe l’Histoire, elle rembarre le passé et fouette l’avenir de sa cravache magique. La Mère Fouettarde n’a pas été élue à la tête de la République, elle n’a pas réussi à s’emparer du PS français, elle n’a pas été foutue de licencier correctement une paire d’employées mais l’univers, lui, n’a qu’à bien se tenir ! Le XXIème siècle sera poitevin, où il ne sera pas !
Evidemment, il ne saurait être question de s’attarder à ce que dit cette étrange créature, ou de chercher à y trouver le commencement d’une idée politique sérieuse. L’excuse est simplement devenue moyen d’exister, en faisant fi de toutes les implications ultérieures. Elle a besoin de s’excuser, de se traîner plus bas que terre, d’avouer des péchés vagues ou antédiluviens, qu’importe. Elle souffre d’une inflammation de confession. Un simple curé ne saurait lui suffire. Désormais entièrement livrée à sa mégalomanie, la bigote déclame ses fautes, celles des autres et même ce qui n’en est pas, mais à la terre entière. Elle compte bien refaire l’Histoire, mais à genoux.
Dans un match de boxe de haut niveau, l’arrivée des combattants est toujours un moment édifiant, surtout s’ils sont américains. On voit généralement deux types vêtus de façon voyante sautiller sur place, faire de grands gestes, apostropher le public, prendre l’air furieux, gonfler le torse, annonçant qu’on va voir de quel bois ils se chauffent. Impressionnant. Mais quelques minutes plus tard, quand l’un de ces tartarins se retrouve au sol, langue pendante et les yeux dans le flou, on ne peut s’empêcher de penser qu’il aurait mieux fait de se montrer modeste. Ségolène Royal, c’est un peu notre boxeuse à nous. Elle annonce qu’elle va révolutionner la démocratie, qu’elle va rendre le pouvoir au peuple, qu’elle va faire participer le citoyen jusque dans les chiottes, qu’elle va redonner à la France un rang et un brillant formidables, elle s’excuse au nom de Louis XV mais.. n’est pas foutue de lancer un vulgaire site internet correctement ! A la tête de son équipe de pieds nickelés, elle positionne Désirs d’avenir comme « un think tank » dont seraient friands les anglo-saxons ( ?!?) et quelques jours plus tard, elle montre à ces bouseux de quoi Désirs d’avenir est capable… c'est-à-dire de faire se plier en deux toute personne un peu objective. Oh, tout le monde sait bien que les sites des partis politiques ne sont pas des modèles d’inventivité, de légèreté ni de finesse. Mais voilà, puisque Royal tonitrue partout qu’elle veut faire de la politique autrement, elle n’avait qu’à commencer par faire un site décent, histoire de nous couper le souffle.
La mode est à l’écologie, certes, mais l’idée de mettre une pelouse de golf en illustration principale (et unique) d’un site à vocation électorale est quand même étonnante. L’interprétation de ce vide vert et bleu peut se faire de deux façons : soit préfiguration de la table rase que la révolutionnaire imposera pour le bien de l’humanité, soit image sincère du royalisme, c'est-à-dire un gros vide qui cherche à se remplir avec un peu tout et n’importe quoi, ce qui passe par là et dont personne ne veut. On peut aussi y voir une image propre à épater le bobo, celui qui rêve d’espaces verts, mais pas trop encombrés de monde (le peuple, brrr) bien nettoyés, bien lisses, citoyens !
Et puis, en passant, on apprend que ce stupéfiant site a coûté près de 42 000 euros (presque trente briques – oui, moi, quand on cherche à m’endoffer, je me mets à reparler en francs !). On n’est plus en 1995, à l’époque où ceux qui savaient monter un site te pompaient un énorme paquet de fric pour le faire. Les choses ont changé, elles se sont considérablement simplifiées, et n’importe qui se rend compte qu’un site comme Desirsdavenir.com ne vaut pas ça… Martine Aubry demandera-t-elle publiquement que toute la lumière soit faite sur le financement de ce site ? Je serais à sa place, je le ferais.