lundi 21 décembre 2009

Panthéon pour monsieur Germain !


Je viens d’écouter la dernière édition de Répliques, l’émission d’Alain Finkielkraut sur France Culture, consacrée à Albert Camus. Je signale aux lecteurs que l’animateur y a exposé une idée que je trouve formidable, et dont je lui envie la paternité. A propos de la prochaine entrée de Camus au Panthéon, décision controversée pour plusieurs raisons, au premier rang desquelles la récupération de la figure de Camus par un Président de la république caricaturalement de droite, Finkie propose qu’à la place de l’écrivain, on y fasse entrer les cendres de monsieur Germain, l’instituteur de Camus, l’homme qui lui avait permis de sortir de la détermination de son milieu social, ce monsieur Germain devenu la figure de l’instituteur républicain qu’on a tant moqué depuis.
Je pense qu’il est inutile de s’étaler plus avant sur les avantages et la valeur symbolique d’une telle panthéonisation, chacun la comprendra.
Je propose que cette idée géniale soit reprise et colportée par tous ceux qui pensent qu’il faut remettre les professeurs à leur place, la plus haute, sur l’échelle de la considération publique, au risque de bousculer des vedettes de la chanson-han, des stars du basket-han, des Che Guevara du football business-han et des imitateurs engagés-han.
Juste après avoir été nobélisé, Camus écrit cette lettre à son ancien instituteur:
"Cher Monsieur Germain,
J’ai laissé s’éteindre un peu le bruit qui m’a entouré tous ces jours-ci avant de venir vous parler de tout mon cœur. On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’en ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. Je ne me fais pas un monde de cette sorte d’honneur. Mais celui-là est du moins une occasion pour vous dire ce que vous avez été, et êtes toujours pour moi, et pour vous assurer que vos efforts, votre travail et le cœur généreux que vous y mettiez sont toujours vivants chez un de vos petits écoliers qui, malgré l’âge, n’a pas cessé d’être votre reconnaissant élève."

Le Panthéon pour monsieur Germain, oui, nous le pouvons !