dimanche 25 avril 2010
Retour à l'offenseur.
Nouvel exemple caricatural de l’esprit de sérieux et de l’auto sacralisation de ceux qui font pourtant profession de ne rien respecter de sacré, cette anecdote : au musée d’art moderne de New York en ce moment, une rétrospective Marina Abramovic reprend l’une de ses anciennes performance. Il s’agit de placer des personnages nus dans les salles de l’expo et notamment deux, vis-à-vis, empêchant presque l’accès des visiteurs. Pour entrer, les visiteurs doivent se faufiler entre les deux performeurs à poil, et donc s’y frotter. L’idée est stupide, vide de sens, elle a énormément vieilli en quarante ans, mais admettons. L’artiste met donc le clampin moyen en situation de devoir toucher un corps inconnu dévêtu, en pensant faire œuvre d’art. Sauf que l’un des clampins a dit « chiche » : il a peloté un dépoilé, lui palpant une miche en lui demandant si ça lui plaisait. Résistance de l’esprit grivois ! SKANDAL! TRAHISOUNE! SAPOTACHE ! Immédiatement, l’iconoclaste a été non seulement viré du musée, mais également révoqué à vie, bien qu’il fût adhérent du Moma depuis trente piges ! C’est qu’on ne plaisante pas avec les plaisantins ! Dans n’importe quel musée du monde, pour n’importe quelle expo traditionnelle (comprendre « beauf »), une telle sanction aurait pu se concevoir, encore que je la trouve très radicale. Mais il y a quelque chose de pathétique à voir que, de l’ancien monde qu’ils ont voulu dépasser par leurs audaces, les artistes contemporains n’auront finalement conservé que le bon vieil esprit répressif , quoi qu’ils affirment par ailleurs à coups de happenings, de scarifications en public ou de chorégraphie bouchère.