Pour remplacer le Traité constitutionnel européen refusé par
La question fut âprement débattue. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, dans tous les pays, ce furent les groupes dits de gauche qui semblèrent le plus attachés à ces poussiéreux vestiges de l’Histoire. Et c’est probablement parce qu’ils n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’adoption d’un drapeau et d’un hymne que ces europragmatiques ont préféré ne pas en avoir du tout. Méthode qui promet.
Les quelques indiscrétions qui ont filtré nous permettent de nous représenter la vigueur des débats, entre les tenants italiens, bulgares et tchèques du Printemps de Vivaldi comme hymne commun, ceux du Parsifal de Wagner (Allemagne, Luxembourg, Grèce et Espagne), les partisans du Messie de Haendel (Belgique, Roumanie, Hongrie, Pays-Bas et Grande-Bretagne), et ceux de la version instrumentale du Paradis blanc, de Michel Berger (France, Lettonie, Chypre, Slovénie et Malte). Les Lithuaniens, pour leur part, restèrent isolés de bout en bout en soutenant Radioactivity, de Kraftwerk (Ralf Hütter, co-fondateur du groupe, est parent d’un représentant lithuanien...)
La question du drapeau fut plus simple. En bon cartésiens, les français menèrent les débats, cadrèrent les enjeux, définirent les objectifs et les priorités. Après quelques échanges, il apparu qu’aux yeux de tous, une couleur devait être bannie de l’espace européen, même symbolique : le rouge. Trop de sang sur les mains, le rouge, « trop de testostérone », plaisanta même Jean-Claude Junker. L’arc-en-ciel propose assez de variantes pour qu’on passe des années en eurotergiversations autour des couleurs d’un drapeau. A Bruxelles, des problèmes s’enlisent pour moins que ça. Le sort des autres couleurs fut réglé en un seul paquet, si l’on peut dire, au sens où elles cédèrent la place sous le poids d’un seul argument : « […]quelle est la couleur de l’espoir, quelle est celle qui représente le mieux la nature qui nous fait vivre et qui doit redevenir l’écrin où les perles humaines prospèreront, quelle est celle qui n’est entachée d’aucun héritage belliqueux, quelle est celle qui est naturellement répandue sur les prairies du globe, sur les cimetières où nous finirons, sur les terrains de sports de notre jeunesse ? » demanda le représentant français exalté de
Pour emporter les suffrages comme une bourrasque emporte le bois mort, les français proposèrent même de donner l’exemple en se faisant fort d’obtenir une modification de
« Devant la menace, même informulée, du Yemen, l’Europe affaiblie ne pouvait pas se permettre de courir le risque de l’affrontement et de menacer ses intérêts économiques vitaux ». A. Merkel.