vendredi 16 novembre 2007

Fillon à poil sur une peau de mouton

Sur le site de l’Express, on trouve aujourd’hui cet hallucinant, cet invraisemblable dossier : http://www.lexpress.fr/info/quotidien/reportage-photo/default.asp?id=461587

Dans l’empire romain, on voyait un peu partout des portraits assez souvent magnifiés de l’Empereur, qui manifestait ainsi sa puissance aux yeux de tous. Les derniers à se souvenir de cette tradition, même s’ils nous font rire, sont les potentats moyen-orientaux, les El Hassad, les Moubarak, les Nasser. Ils sont représentés dans des attitudes, sous des couleurs qui mettent en valeur leurs qualités de bravoure, de rôle de père de la nation, de justes, leur puissance ou leur gloire selon les cas et les besoins de la cause. Ça nous paraît ringard, assommant, antidémocratique ? OK.

Je gouverne, tas de minab'

Dans la France de 2007, un premier ministre se donne à voir sous les traits d’un bambin, jouant dans l’innocence, en culottes courtes. Puis, il fait de la trottinette, du vélo, il a treize ans et des boutons d’acné. Enfin, il fait un barbecue avec son beauf en comparant les mérites respectifs de la R16 de Robert et de la Fuego de papa. On a vachement progressé.

Winston Churchill

L’objectif premier d’une telle bouffonnerie, c’est de dire ceci : Fillon existe. La preuve : il a été bébé ! On n’y croyait pas, mais là, faut reconnaître, devant les petites fesses et le talc… On pensait que tout avait été fait à la politique française, il manquait encore la régression infantile. Du côté de la tombe à Muray, on note de fortes secousses et des courants d’air, probablement dus aux retournements frénétiques du taulier. Ça fait un bout de temps que les dirigeants tentent de se montrer plus « humains », plus « proches de nous », plus « semblables au bon peuple » : on les voit en jean assis sur une pelouse, on les voit faisant du vélo, on les voit se taper sur les cuisses, on les voit en tongs, on les voit en slip de bain : on les verra bientôt sans.

Le Général...

On a beau être cool, on a beau être post moderne, on a quand même du mal à se dire qu’on est dirigé par un ancien bébé ! et surtout que cette effrayante vérité pourrait galvaniser le français moyen, le faire adhérer au coup de collier salvateur et lui faire mieux avaler les couleuvres qui se préparent dans l’ombre, pour son bien. Tu parles d’un leader ! il essaye de nous attendrir pendant qu’on nous farcit l’arrière-garde ! Avant une négo sévère avec des gros bras bouffeurs de ministres, le mec leur sort l’album de famille… pourquoi pas une matinée diapos chez ma tante ? Ha, on n’est pas belliqueux ! on a l’intention d’en découdre avec personne ! Guili, guili! Ha, ils doivent bien trembler les Iraniens!

Gengis Khan

Il fut un temps où les dirigeants d’un pays essayaient au moins de donner une image digne d’eux-mêmes, souvent plus digne que la réalité, d’ailleurs, mais enfin, en l’espèce, l’intention primait. Ça signifiait je vous représente, je vous dirige, voici mon image, je suis face à vous, je me montre comme un homme (y’avait que des mecs, bon), je suis debout. Les portraits officiels des chefs d’Etat, c’était ça (jusqu’au tordant portrait de l’actuel Patron, que j’ai personnellement pris pour un canular pendant des mois, jusqu’à ce qu’on me menace de la camisole. Et puis, diront les historiens de demain, il y eu Fillon.