mardi 18 décembre 2007

40 heures: le retour.

Le travail est populaire. Quand les 35 heures ont été mises en place, on a entendu ici ou là que les salariés étaient d’accord pour « partager le travail », c'est-à-dire travailler individuellement moins pour permettre l’embauche de chômeurs. Après bien des péripéties, on en arrive à ce que les employés de l’usine Continental, à Sarreguemines, votent eux-mêmes une disposition permettant le retour des 40 heures de travail hebdomadaires. 75% des votants sont pour travailler 40 heures (et augmenter la paye), après un vote dans le même sens d’une autre usine du même groupe en septembre dernier, à Clairvoix. Ces deux exemples sont montrés dans la presse comme de probables précédents, appelés à donner bientôt l’exemple. C’est le moins qu’on puisse dire.

Dans cette euphorie turbinophile orchestrée par le chef de l’Etat et son équipe, des salariés de l’usine Olida de Grenoble sont à l’origine (vous avez bien lu) d’une disposition faisant passer la durée du travail à 48 heures par semaine, qui devra être soumise au vote début janvier prochain. A un journaliste de La Tribune leur faisant remarquer que cette mesure les ramenaient avant 1936, les dirigeants syndicaux du TAF (Travail à Fond) ont répondu : « Et vous croyez que les Chinois, eux, vont pas nous ramener à 1936 à coups de pompes dans l’train ? », réplique sans réponse que le journaliste ne commente pas.

L'usine qui modernise le droit du travail.

Mais ce n’est pas tout : des ouvriers d’une cimenterie d’Ardèche, dont nous n’avons pas encore le nom exact, viennent de conclure une négociation avec leur direction par une surprenante proposition : faire travailler leurs enfants à partir de l’âge de douze ans. « Attention, ne commençons pas à crier au retour de l’esclavage ! prévient Gilbert, leader syndical de la boîte. On va pas faire travailler les mômes sur les lignes dans la cimenterie elle-même. D’abord, il s’agit de nos propres enfants, et non d’enfants livrés à eux-mêmes au milieu d’adultes. Nos propres enfants, encadrés par leurs parents, qui continueront de suivre des cours dans l'école de l'usine, et uniquement utilisés à des tâches légères, comme les bordereaux d’envoi, les appels téléphoniques, voire le nettoyage de la cafétéria (en cours de négo) ».


"On attend la fin des négos"

Il reste, bien sûr, à soumettre ces nouveautés au vote du personnel, pour qu’elles gardent le caractère volontaire qui les mettent à l’abri des accusations d’obscurantisme. « Avec ça, confie Gilbert à voix basse en clignant de l’oeil, on est assurés de garder nos emplois face à la concurrence de ces salopards de Chinetoques ! »


"J'vous quitte, j'ai cours de français!"