vendredi 12 octobre 2007

La gifle comme médiatrice citoyenne.

Piéton, vois l'ennemi !


Jusqu’à une date récente, un piéton qui voulait se faire renverser devait quitter le sanctuaire du trottoir et se jeter sur la chaussée, sous les roues des véhicules. C’est fini. Depuis quelque temps (quelques mois à Paris, deux ans et demi à Lyon), le piéton peinard n’existe plus. Avec la mise en place des Vélov et des Vélib, des milliers de cyclistes au rabais déferlent sur les trottoirs comme en territoire occupé, effrayant les enfants, renversant les vieilles dames, coupant les petits chiens en deux. Ces lâches veulent bien jouer les Che du transport-citoyen, mais sans prendre le « risque » de rouler à leur place : sur la chaussée. Et que je te klaxonne, et que je te siffle, que je t’hèle par derrière !

Il est vrai qu’il est plus gratifiant d’être cycliste urbain que piéton quand on veut afficher à la face du monde son désir de changer les choses, quoi ! quand on veut exprimer par son attitude une conscience citoyenne au top, quoi ! On arrivera bientôt à soupçonner le salaud qui reste à pied de ne pas être concerné par le problème de la pollution et des transports urbains… Et puis un type à pied est peut-être ne train de se diriger vers sa bagnole ! L’enflure…

Entre les horodateurs, les vélos-plus-belle-la-ville, les patineurs-concernés, les skateurs-free et les poubelles-citoyennes, le trottoir moderne rassemble en permanence tout ce qu’il faut pour gêner le quidam. Les bouchons, vous le verrez bientôt, ça sera sur les trottoirs ! Et la circulation des quelques derniers automobilistes en sera d’autant facilitée…

Personne n’irait jusqu’à dire que les vélos n’ont pas leur place en ville. Personne non plus, espérons-le, pour vouloir en exclure les piétons. Or, si ces derniers ne peuvent plus marcher en toute quiétude sur les trottoirs, où vont-ils donc aller ? (je rappelle qu’un piéton qui reste chez lui par peur de se faire bousiller sort immédiatement de la catégorie des piétons). Par conséquent, les cyclistes n’ont pas d’autre choix que de se tirer des trottoirs fissa, et en demandant gentiment pardon. Or, on en est de plus en plus loin.

Les héritiers de Mad Max

Soucieux de pondération et avide de proposer des solutions humaines aux tracas qui nous minent le moral, je suggère une solution qui fit ses preuves dans bien d’autres cas: la gifle.

Vous cheminez sur un beau trottoir bordé de boutiques formidables (chocolatiers, magasins de soutiens-gorge, etc.), vous sifflotez, jaloux du privilège qui vous permet d’avancer sans vraiment regarder devant vous, lorsqu’un « attention devant ! » vous somme de laisser le passage à un quinqua-citoyen ravi de son coup de pédale. Quand il arrive à votre hauteur, tendez la main : une bonne grosse baffe dans la gueule ! Le cycliste giflé perd souvent ses lunettes (il est myope, oui) et se vautre invariablement sans savoir ce qui lui arrive. Tant mieux. Profitant de sa chute, vous pouvez sadiquement fuir (vous lui retirer la possibilité même de se défendre !) au cri de Intifada ! ou Les trottoirs aux trotteurs !

A chacun de scander ce qu’il veut.