mercredi 21 novembre 2007

Ouais, une bonne grosse grève !

Huuuum !

Un conflit entre des lycéens et un gouvernement est toujours regardé comme « sympathique » par les jeunistes, et pitoyable par ceux qui, au-delà même de la légitimité de l’action, se bornent à en écouter les discours. Evidemment, on ne peut pas s’attendre à du très haut niveau quand les combattants ont 16 ans d’âge moyen…
Pour le cas des étudiants, la fatuité de celui qui vient d’aborder Bourdieu en cours redouble souvent l’envie grégaire de faire comme les anciens, et de fonder dans la pseudo anarchie d’une grève, la pseudo violence d’une manif, une vie de citoyen qui débute. Pour être parfaitement juste, il faudrait donc pouvoir séparer l’objet d’une grève et la tronche boutonneuse de ceux qui la présentent aux interviews. Fondamentalement, une grève chez Toyota ne fait pas chier grand monde. Elle passe plus ou moins inaperçue, sauf aux yeux de ses dirigeants, et à ceux des grévistes eux-mêmes quand ils regardent leur portefeuille en fin de mois. Une grève à la SNCF, pardon, c’est aut’chose ! D’une façon générale, une grève touchant un service au public, (éboueurs, contrôleurs aériens, hôpitaux, etc.) est immédiatement en phase avec le citoyen de base, tout égoïste qu’il puisse être. Et il n’aime pas ça, le citoyen égoïste. Quand trois mètres cube de merdes encombrent le trottoir parce que les éboueurs arrêtent d’ébouer, on en arrive vite à ne plus les plaindre du tout ! Ce n’est pas très juste, ce n’est pas très intelligent, c’est humain. C’est sur cet « agacement » que comptent d’ailleurs les grévistes, et aussi ceux qui les combattent. Or, depuis quelques années, chaque grève ou presque est l’occasion d’entendre un refrain auto flagellateur sur la France, qui se barre en couilles chère madame, et qui est désormais ingouvernable, irréformable, indécrottable. Le problème de ce genre d’affirmations, c’est qu’elles peuvent avoir une part de réalité que chacun ressent ou observe, mais qu’elles présentent la chose comme une spécialité, une tradition funeste qui épargnerait les autres pays. Le site de l’Acrimed présente la synthèse de plusieurs études démontrant exactement l’inverse.
http://www.acrimed.org/article2415.html
Après cette étude (qui a plus d'un an), puisque nous sommes des gens rationnels, (et sauf à soutenir qu’il y a trop de grèves car on en rejette le principe même) il est donc désormais acquis que le prochain qui affirmera que la France est la championne du monde des grèves (sous-entendu : nous sommes un pays de fortes têtes opposées à tout changement) sera désigné comme un ignorant, un feignant, un faux jeton ou un simple trou du cul.