dimanche 30 novembre 2008

Du sur mesure pour Copé

Jean-François Coppé se démène comme un pou pour faire adopter la loi scélérate sur le travail dominical. Lors de l'émission Dimanche soir politique, (I.télé, Le Monde et France Inter), il a osé déclarer :"ma responsabilité c'est que cet engagement de campagne présidentielle soit adopté par notre majorité. Non qu'il soit adopté de manière militaire mais de manière consensuelle et, j'ose le mot, conviviale". Oui, lecteur abasourdi, tu as bien lu. Devant l'opposition de quelques pelés (dont moi) mais aussi de députés UMP, les pirates sociaux du gouvernement mettent de l'eau dans leur vins, quitte à rendre cette loi presque anodine (exclure les grandes surfaces commerciales du bénéfice de la loi, par exemple). C'est le signe de ce qu'ils cherchent en réalité: mettre le pied dans la porte du code du travail, comme ils le font depuis vingt piges, avec les résultats mirifiques qu’on peut admirer. Une fois le repos dominical déchu de son statut de règle pour tous, on pourra dire adieu à ce qui faisait le rythme de nos vies depuis seize siècles ! Merde !
A tous les passifs et à tous les partisans de ce brigandage, je ne poserai qu’une seule question : si l’abandon du repos dominical pour tous est la solution pour nous sortir de la mouise, croyez-vous que, depuis la fin de l’Empire Romain, le premier être humain à voir clair à ce sujet puisse être Jean-François Copé ?

Jean-François COPE : la vraie dimension d'un homme d'Etat!

lundi 24 novembre 2008

Le PS réinvente la démocratie. Si!


Quand on tient presque instinctivement les militants de toutes sortes en grand mépris, ou quand ce mépris est étayé par une fréquentation et une connaissance bien concrètes, il y a une jubilation précieuse à les voir se comporter au grand jour selon leur propre nature, c'est-à-dire EXACTEMENT A L’INVERSE DE LEURS HABITUELS BONIMENTS.
Les militants politiques sont, chacun le constate, parfaitement infréquentables. Il suffit d’en inviter deux à une soirée merguez pour les voir transformer l’innocente sauterie en une joute plombante, en combat pour la paix dans le monde, fût-ce au prix d’un pugilat ! Car c’est une constante facile à vérifier : les militants du droit à la vie sont prêts à tuer pour le défendre, ceux qui veulent abolir la violence exigent les plus lourdes peines contre les méchants, d’autres aiment tant les ours et la nature qu’ils n’hésitent pas à déporter artificiellement de paisibles plantigrades au milieu de notre réseau routier, certains s’enrichissent en prônant à la fois la générosité et l’entraide, des défenseurs du « droit à la différence » interdisent le tchador, des féministes battent leur femme, des militants pour la paix réclament des interventions armées ici ou là, et la liste des paradoxes qu’ils nous servent serait infinie. Le militant, version laïque du croyant, préfèrera toujours sa cause à la vérité, surtout quand la vérité semble lui dire merde. Et son caractère réellement original, ce qui n’appartient qu’à lui dans le règne humain, c’est sa capacité supérieure à s’accommoder de tout ça en toute bonne conscience.
A longueur d’années, n’avons–nous pas entendu que le parti socialiste défendait la démocratie (que personne n’attaque par ailleurs), qu’il luttait pour la justice, pour la tolérance, pour le droit, l’équitation ou l équité, la dignité des femmes, pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour la moralité politique et d’une manière générale qu’il se levait contre tout ce que les méchants adorent ? Et le parti socialiste, bordel, c’est aussi des militants ! Des femmezédézoms qui combattent quotidiennement pour défendre ces valeurs de progrès, amen. Et que voit-on ? Ces démocrates auto klaxonnés qui bourrent des urnes, comme de vulgaires chefs de clan corses, ces grenouilles de vertu qui falsifient les décomptes, qui empêchent leurs adversaires de surveiller les votes, qui font voter les défunts etc. Qu’on ne s’y trompe pas : leurs magouilles ne signifient pas qu’ils souhaiteraient qu’on abolisse les élections. Non ! Ce sont des démocrates, ils sont convaincus des bienfaits du vote libre, mais plus encore convaincus d’avoir raison contre la majorité, quelle qu’elle soit. Pour leur image de soi, les militants ont besoin de cette mascarade pluralisto démocratico libre, qui les distinguent utilement des partis stalinoïdes. En revanche, ils veulent bien être démocrates mais gueuleraient comme des putois si un vote leur était contraire. Le grand problème de la démocratie, en effet, c’est quand les cons qui pensent pas comme nous se mettent à voter.
Si le militant politique est facilement enclin à voir la paille du curé tripoteur d’élèves, par exemple, il remarque rarement la poutre de la tricherie au vote démocratique qui lui enfle pourtant le bénouze à la face du monde. L’un fait vœu de chasteté et n’est pas capable de l’assumer ; l’autre fulmine contre les injustices et ne sait pas faire autre chose quand son intérêt est en jeu. La seule différence qui donne encore une sorte d’ « avantage » au curé, c’est qu’une fois pris la main dans la culotte d’un autre, il ferme sa gueule et ne la ramène plus. Le militant, si, toujours. Il est fait comme ça.
Le problème n’est pas qu’il y ait plusieurs « tendances » dans tel ou tel parti politique. Il n’est pas non plus que telle ou telle personne nourrisse des ambitions très personnelles et se batte pour elles. Mais que des militants donneurs de leçons à longueur de temps (et des responsables au plus haut niveau) se fassent prendre la main dans la boîte à sucre, c’est non seulement drôle, c’est nos seulement édifiant, mais c’est presque trop beau.

dimanche 16 novembre 2008

Pharcyde + Jonze

Beaucoup moins viril que le gangsta rap, mais bon, à vous de juger...
("Drop", tiré de Labcabincalifornia (1996) , de Pharcyde). Réalisé par Spike Jonze.

mardi 11 novembre 2008

Front kick de Dieu!

Tous unis sous la bannière du Christ, camarades ! Grosse fiesta à la Basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem ! Venez nombreux et costumés !



Post scrotum : la tradition de non violence et d’oecuménisme n’est pas NOUVELLE en chrétienté…

René Girard sur France Culture


Je signale une participation de René Girard à l’émission « Tout arrive » aujourd’hui même, une émission en partie consacrée à son travail, avec l’évocation de plusieurs ouvrages sortis en 2008. Sera présent également Jean-Michel Oughourlian, girardiste convaincu, pour la parution de « Genèse du désir », qui traite entre autres de la découverte des neurones miroirs, argument scientifique à l’appui de la thèse du désir mimétique. A écouter ou à télécharger.

lundi 3 novembre 2008

La liberté si j'veux!

Les TI.G. pourront être effectués sous forme de pendaison,
sur la base du volontariat.

La France est gouvernée depuis quelque temps par des laxistes. Des anges laxistes. La permissivité n’a jamais été aussi forte que depuis que la droite est à l’Elysée. J’essplique.
Pour faire entrer dans la tête des gens que travailler le dimanche est un bien, on nous a servi l’argument du volontariat : les gens QUI LE SOUHAITENT pourront travailler le dimanche ! Aussitôt, des légions de néo libérés se disent qu’ils gagnent quelque chose dans l’opération : une liberté de plus, la liberté de choisir entre travailler pendant que les autres ne foutent rien, ou ne rien foutre soi-même. Youpi !
Aujourd’hui, on nous ressort la même option : les travailleurs qui ne seront pas encore morts à 65 ans pourront CHOISIR de travailler jusqu’à 70 ans s’ils le souhaitent. Le volontariat, encore et toujours. La France de Sarkozy, c’est « tu fais comme tu veux ! » En bon soixante huitard, il applique le « il est interdit d’interdire », de comique mémoire. Les temps anciens ont connu le joug de la Loi (bouh !) qui, tenez-vous bien, s’appliquait à tous de la même façon ! la France a vécu sous cette dictature-là pendant trop longtemps, sous les règles contraignantes et patriarcales, rigides et autoritaires, arc-boutée sur des positions d’un autre âge ! C’en est bien fini !
J’aimerais savoir s’il y a un salopard parmi les lecteurs pour se déclarer ennemi de la liberté. Qui s’y risque ? Allons, qui voudrait qu’on supprime la liberté de travailler malgré l’arthrose ? Malgré la parkinson ? J’attends les staliniens… personne ? Bon.
Pour faire passer les mesures les plus antisociales, il est entendu qu’un minimum de ruse est nécessaire. Dans un pays qui fut révolutionnaire – il y a certes des millénaires de cela -, personne ne se risquerait à y aller trop fort sans précaution. La liberté, du moins cette version-là, sert justement à ça. Désormais, quand on voudra vider une loi protectrice de toute substance, on lui opposera simplement la liberté de ne pas l’appliquer ! Si le Pèzident ne reste pas dans l’Histoire pour ça, c’est à désespérer de la piraterie !
Désormais, donc, l’âge de la retraite sera de 65 pour ceux qui veulent, dimanche sera un jour de repos pour ceux qui ont envie de buller seulement, l’âge de la majorité sexuelle sera de 15 ans sauf pour ceux qui voudront se faire enculer dès l’âge de 12 ans, l’égalité entre les hommes et les femmes sera absolue pour ceux qui y trouvent de l’intérêt, l’instruction des enfants sera obligatoire mais on pourra s’en dispenser si on déteste les intellectuels, le SMIC sera un salaire minimum mais ceux qui le veulent pourront – sur volontariat et en en faisant la demande écrite- être payés moins. Quant aux gens qui n’ont jamais d’accident de voitures, ils pourront se dispenser de s’arrêter aux feux rouges.

samedi 1 novembre 2008

Bref éloge de Donald Fagen


Découvrez Donald Fagen!


Donald Fagen est un des plus beaux musiciens du monde. Dans la catégorie de ceux qui bâtissent leur œuvre en se fichant de la mode, de la comédie de la scène et de la célébrité, de l’engagement militant (et pour un type de sa génération, c’est rare) et du show business, il est une référence.
Il a commencé très tôt, à la fin des années 60, et a rapidement monté Steely Dan, avec son pote Walter Becker, mais je vous raconterai ça une autre fois. Au fil d’une évolution vers toujours plus de fluidité, de précision et de pureté stylistique, il a pondu sous son nom trois albums en 25 ans. Vu la densité des albums en question, on peut aller jusqu’à dire que c’est beaucoup.
Le premier, The nightfly, 1982, est un monument que tout honnête homme doit posséder. Les morceaux sont d’un niveau général tout à fait extraordinaire, avec des sommets comme Maxine, New frontier, The goodbye look… et tous les autres morceaux de l’album ! Comme avec Steely dan, il embaucha les meilleurs musiciens pour donner forme à sa musique (Jeff Porcaro, Larry Carlton, les frères Brecker, Marcus Miller, Steve Khan, entre autres) et les fit chier à la limite du supportable pour obtenir d’eux le boulot et le son qu’il voulait. Il est comme ça Donald, et c’est connu parmi les zicos de haut niveau. Même si le son de la batterie sonne parfois un peu « années 80 », The nightfly est un concentré des mélodies ciselées à la gouge, des arrangements méticuleux (les chœurs !) et d’une musique harmoniquement riche, même sophistiquée mais qui sonne assez simple. Sans même parler des textes, bourrés d’humour et d'absurdités, qu’il vaut mieux explorer avec un Ricain cultivé sous le bras…
Après 11 ans de silence, et l’arrêt (temporaire) de Steely Dan, il ressort un album en 1993 : Kamakiriad, l’album de l’âge mûr, comme il le définit lui-même, après avoir exploré l’époque de l’adolescence avec The nightly. Une kamakiriade, pourrait-on dire, c’est une virée à bord de la Kamakiri, la voiture du futur, dream-car avec jardin hydroponique et guidage satellitaire. L’album raconte donc les aventures du héros qui voyage à bord de sa bagnole high-tech, voyant le monde du futur (proche) en proposant des chansons toujours aussi parfaites. Fagen a utilisé les années 70 pour peaufiner son style, avec Walter Becker, et en dispose maintenant tout à fait. Sa recette tourne autour du jazz, pilier autour auquel il a su mélanger le rock, la pop et le funk (ou le groove en général) comme personne. C’est un album qui explore l’an 2000 qui pointe à l’horizon, d’une manière ludique et fantaisiste.
Son dernier album solo est sorti en 2006 : Morph the cat. Un putain d’album. C’est selon lui le troisième volet de sa trilogie perso, le volet traitant de la fin, de la mort. Mais attention, c’est pas un musicien français : pas de pathos ! Son album se situe bien dans une période post-11 septembre, mais il aborde les choses par allusions, avec finesse et jamais frontalement, aussi bien dans ses textes complexes que dans la perfection du groove. Si sa musique est dense, ses arrangements surtout, chaque instrument est toujours parfaitement à l’aise pour s’exprimer, tout est rangé comme dans une horloge, personne ne vient foutre le bintz sur la fréquence d’un autre, et tout est toujours limpide.
Fagen, pour qui rien de bien intéressant ne s’est fait dans la musique populaire depuis l’apparition du reggae, n’hésite pas à se foutre du boulot des groovers à la machine, samplers à la chaîne qui croient avoir trouvé le Grand Secret quand ils ont déniché une boucle qui a déjà servi. En gros, les rappeurs et autres resuceurs de R’n B ne l’ont pas convaincu, notamment quand il s’agit de groover.
Certains pourraient avoir le réflexe de classer le travail de Fagen dans la catégorie fusion, ce qui est faux. Le genre fusion intègre très rarement des chansons. C’est une musique instrumentale, une musique de gros musiciens, écoutée la plupart du temps par des musiciens. La place que la technique pure y occupe est infiniment plus grande que dans l’œuvre de Fagen, et celle de l’humour, de la finesse, de la légèreté y est au contraire étrangement faible. Mais c’est probablement parce qu’il a bossé avec des grands musiciens de jazz, donc souvent de fusion, que cette confusion a pu se faire. En fait, si on voulait résumer son travail, on pourrait dire qu’il est un musicien qui ne s’est pas satisfait du rock, ni du funk, et qui les a intégré dans un univers harmonique plus riche, celui du jazz, empruntant un feeling au rythm’n blues, au gospel et au blues. En cela, c’est un musicien de fusion. N’oublions pas non plus que, chose devenue rarissime dans le jazz, il écrit des chansons, et même d'exceptionnelles chansons.
Un des points forts qui le définissent bien, c’est la qualité du son. A l’écoute, on est souvent surpris d’apprendre que tel ou tel morceau est vieux de trente ans. C’est son travail en commun avec Walter Becker, autre intégriste, qui a rendu ça possible, et qui a beaucoup fait pour sa réputation. En dessin, ce serait l’équivalent de la ligne claire : précision, clarté, équilibre, élégance. Il faut dire aussi que ce son « parfait » en énerve quelques uns, dont les oreilles blessées par le rock n’acceptent plus que du « ça déchire sa mère ». Et la subtilité des arrangements de Fagen traverse parfois des oreilles sans que le propriétaire de la paire en question ne remarque rien… il faut parfois du temps pour l’apprécier, pour piger la beauté de l’édifice (c’en est un, je l’affirme). Une musique pour musiciens ? non, une musique très technique, qui plait malgré ça.