mercredi 5 août 2020

Benoît et Benjamin dans le train



Il fut un temps où l’on employait l’expression « la vie de tous les jours » pour distinguer d’un côté les jours ordinaires, où la routine règne, et de l’autre les jours exceptionnels, rares, où une aventure arrive, une nouveauté survient, un rouage grippe. Ce temps n’est plus : désormais, chaque jour apporte à l’homme moderne au moins une occasion de s’étonner ou, comme disent les formateurs en management, de « se remettre en question ». Hier, j’ai pris le TGV.

vendredi 17 juillet 2020

Paul McCartney randomisé


Extrait de la première interview de sir Paul McCartney depuis la fin du confinement.

Patrick Elkrourdin
Paul McCartney nous a fait l’honneur de nous accorder cet entretien dans un moment difficile, et je veux dire ici que toute la France, que je représente durant cette heure, l’en remercie.
Paul McCartney
Je n’en demande pas tant !
Patrick Elkrourdin
Alors je vous pose tout de go la question qui brûle les lèvres : qu’est-ce que c’est que cette histoire de chanson ?
Paul McCartney
Oh c’est peu de choses, c’est juste une chanson que j’ai composée durant le confinement et que j’ai postée directement sur Youtube.
Patrick Elkrourdin
Une contribution de solidarité ?
Paul McCartney
C’est ça. En donnant cette chanson, j’ai voulu simplement offrir quatre minutes de divertissement aux gens enfermés chez eux.
Patrick Elkrourdin
Une chanson libre de droits ?
Paul McCartney
Non, mais diffusée gratuitement ; personne n’a besoin de payer pour l’entendre ou la télécharger. Et elle a recueilli 850 millions de vues en deux jours. (applaudissements)

samedi 4 juillet 2020

Pas la bonne époque.


"C’est naître qu’il aurait pas fallu". C’est Céline qui disait ça. Et plus tard, Cioran fit une variation sur le même thème avec De l’inconvénient d’être né. Mais on a beau faire, on y est, on y reste.

J’ai parlé au téléphone avec un vieux pote il y a deux jours, et ce qu’on s’est dit, en substance, c’est qu’on était nés nous au bon endroit, mais pas au bon moment. Une autre époque nous aurait bien botté, n’importe laquelle, avec ses guerres, ses ratatinades, sa vache enragée, ses heures bien plus sombres, ses carences alimentaires, sa peine de mort, n’importe laquelle sauf la nôtre, quoi. Notre époque qui se faisande chaque jour un peu plus, puritaine et vicelarde tout en même temps, et qui projette son ombre hideuse sur ce con d’avenir, que les gosses sauront plus quoi en faire. Trop d’hystérie, trop de vulgarité, trop de fric, trop de bouffe, trop de connerie déferlante, trop de communication pour les cons, trop d'imposteurs, trop de nullité agressive et conquérante et proliférante et interminable. Productivisme oblige, et règne absolu du plus grand nombre, nos temps produisent presque automatiquement trop de trucs, à condition que ce soit de la merde.
C’est pas naître au mauvais moment qu’il aurait fallu.

Tenez, pour illustrer notre blues intime, plutôt que se répandre en phrases de plus en plus déprimantes, on va se passer l’épatante chanson de ce bon Dr John, une chanson de 1973, elle a eu le temps de bien mûrir (Dr John fit une énorme connerie il y a un an environ : il est mort).