mardi 22 octobre 2019

Brasse papillon contre militarisme turc.


Je n’avais jamais entendu parler du ministre français des sports avant l’affaire dite des enculades. Pour rappel, les enculades évoquées sont les promesses faites à la ligue de football professionnel par des supporters probablement en conflit idéologique avec elle. Idéologique, le mot est peut-être fort : en proclamant « la Ligue, on t’encule », les supporters en question n’avaient dévoilé ni le fond de leur pensée, ni le cheminement de leurs réflexions, et s’étaient contenté d’en formuler les conclusions. Admirable par sa concision, la formule laisse tout de même planer un doute quant à son réalisme : comment, en effet, enculer une Ligue de football, entité morale qui n’a, bien sûr, pas de corps, et qui n’est que représentée par de graves sexagénaires (dissuadant, par leur aspect et par leur mise, tout contact intime) ?

lundi 9 septembre 2019

La révolte des ordures


Dans un monde parfait, personne ne donnerait un micro à un ancien footballeur, personne ne ferait attention à ce qu’il dit, ce qu’il écrit ni ce qu’il pense. Mais nous ne sommes pas dans un monde parfait, nous sommes en France, en 2019 : je vais donc commenter, le plus brièvement possible, les insanités proférées par un être dépourvu de tout intérêt.

vendredi 23 août 2019

Waze naze



Il y a quelques années, peut-être vingt ans, un copain m’avoue qu’il a pris l’habitude de faire ses courses chez Ed l’épicier (ou chez Leader Price, je ne m’en souviens pas, c’était l’époque où ces enseignes nouvelles envahissaient la France). Je fais les courses chez Ed, qu’il me fait, et immédiatement, il complète son aveu par une précision que je ne réclamais pas : ils ont des super produits ! J’aurais été étonné qu’il avoue acheter ses fournitures dans un magasin qui ne vend que de la merde.

vendredi 28 juin 2019

Chaleur coupable


Pas plus que vous et moi, la vague de chaleur n'est innocente. D'ailleurs, les spécialistes s'accordent à dire que ce n'est pas une vague, c'est un nouveau régime. Désormais, l'Europe est une terre de grandes chaleurs, son climat bientôt ne sera plus défini comme "tempéré". La canicule s'installe ici chez elle.

lundi 17 juin 2019

Les femmes déferlantes



Je me souviens de ce qui déclencha l’abandon de mon téléviseur, dans les années 1990 : une explosion. Un habitant de l’immeuble contigu eut la mauvaise idée de déconner avec le robinet de gaz, et l’explosion qui s’ensuivit détruisit, en même temps que les murs du dit immeuble, tous les fils cheminant sur les façades, dont celui de la télé. Qui serait resté insensible à un signe aussi colossal ? Le surlendemain, je portai ma télé à la déchetterie. A un mec me demandant s’il pouvait « la récupérer », je répondis non. Il s’éloigna en disant « connard ». J’étais sur la bonne voie.

vendredi 29 mars 2019

Les détourneurs d'objets


En ces temps de bouleversement des mœurs et des coutumes, en cette époque d’incertitudes où tout ce qu’on croyait solide s’effrite, où tout repère est suspect de péremption, où les grandes puissances elles-mêmes sont contraintes de jouer aux chaises musicales, il est réconfortant de penser rien ne pourra jamais faire disparaître ni les imbéciles, ni le mauvais goût. On a les amarres qu’on peut. Cette semaine, je vous propose donc de détester une catégorie d’imbéciles qui se distinguent par leur mauvais goût : les détourneurs d’objets.

mardi 26 mars 2019

L'art de la dénonciation



Connaissez-vous le nouveau concept d’une émission de télé à venir bientôt en France, appelée pour l'instant Allo Police (concept suédois, déjà vendu dans quinze pays, dont les USA) en attendant un nom définitif ? Simple : vous avez sûrement entendu un voisin, quelqu’un du quartier, un habitué du bar d’en face tenir des propos scandaleux ou, pire, se conduire de façon inacceptable. Ça nous arrive à tous et, hélas, nous sommes souvent démunis devant la chose. Pas de panique désormais puisque la télé nous propose de faire d’une pierre deux coups en dénonçant l’individu à la police, et en gagnant un petit quelque chose. Oh là, pas la vraie police, non, on n’est pas des monstres, la police supplétive mise en place par la chaîne elle-même, qui ne possède pas réellement les pouvoirs d’une authentique police mais qui pourra, par l’éclairage public qu’elle braquera sur les « prévenus », orienter le travail de sécurisation de l’espace public que la police réelle n’a pas toujours les moyens d’assurer.

vendredi 15 mars 2019

Les humanités étanches


Jeudi dernier, à la tombée du jour, traversant sous la pluie le quartier du faubourg Saint-Antoine pour me rendre à mon hôtel, mon regard est attiré par un spectacle irréel : au premier étage d’un immeuble, surmontant un Mc Do, une enfilade de baies vitrées laisse voir l’activité en cours dans une salle de fitness (j’ignore si ce mot est toujours à la mode dans ce milieu, il a peut-être été jugé insuffisamment anglais et remplacé par un autre ; je me souviens qu’on parlait « d’aérobic » dans les années 1980, je pense que ce terme n’a plus cours que chez les dinosaures - on s’en fout).

jeudi 28 février 2019

Les TIQIFA : apporter quelque chose.

La ruée vers l'or.(1925)

Cette semaine, je vous propose d’inaugurer une nouvelle rubrique conçue pour compléter celle des "Gens qu’on déteste". Cette rubrique traitera des Trucs incompréhensibles qu’il faut abolir – Les TIQIFA

Je ne sais pas quand cela a commencé, mais je suis sûr que nos parents n’ont pas connu le phénomène. Voici : désormais, lorsqu’on est invité à dîner chez des amis, il semble de bon ton d’apporter « quelque chose ». Non pas seulement des fleurs, comme un usage bien ancien le commande, mais quelque chose qui se mange ou se boit, quelque chose qui viendra compléter le repas, pourtant censé nous être offert. C’est un TIQIFA, et voyons pourquoi c’est nul.

dimanche 10 février 2019

Le son du jour qui met l'erreur historique au rang des beaux-arts



Alors que les Gilets jaunes en sont à leur acte XIII et que rien ne permet de dire qu'ils s'arrêteront là, un petit clin d’œil à la chanson la plus célèbre de Gil Scott-Heron : La révolution ne sera pas télévisée. Chanson-poème considérée comme l'ancêtre du rap, parue en 1970 (cette version date de 71), reprise des dizaines de fois, et qui connut une postérité auprès de tout ce que le monde compte de révolutionnaires putatifs.

Le titre de la chanson est excellent, accrocheur, et résume assez bien le contenu même du texte complet. Mais hélas, il est historiquement faux...

dimanche 27 janvier 2019

Michel Legrand s'arrête.


Une fois, j’ai vu Michel Legrand dans la petite église d’un bled de Saône-et-Loire, où il donnait un concert seul au piano. En arrivant, m’étant garé le long d’un chemin, je m’assurai auprès d’un vieux type que ma voiture ne gênait pas. Il me répondit en roulant les R, à la mode locale. Un vrai de vrai, un survivant.

L’église était bondée comme au temps des grandes ferveurs religieuses. Des chaises partout, jusqu’à un mètre cinquante du piano.

vendredi 18 janvier 2019

Rire cruellement


Tombeau pour une touriste innocente est un court et célèbre texte de Philippe Murray. Il me semble qu'il avait été mis en musique et même chanté par l'auteur, si je ne m'abuse.
Ici, le son est moyen, l'image quasi nulle mais le texte est rendu encore plus hilarant par la lecture de Luchini. Il a une façon de dire "Il faut exiger sans cesse et sans ambages la transparence totale dedans l'étiquetage" qui renforce dix fois l'effet recherché. Un acteur, ça sert à ça. On rit, on ricane, on rit cruellement, c'est terrible. C'est dans ce genre d'exercice qu'on comprend qu'il faut dire un gros merde à ceux qui, voulant introduire une morale de patronage laïc dans l'usage de l'humour, voudraient qu'on ne rigolât que dans la justice, qu'on ne se moquât de personne, qu'on ne plaisantât que de soi-même, qu'on ne blessât jamais ce connard d'Autrui. Pan ! Murray rit et se moque et démolit une touriste innocente partie se faire décapiter dans un pays où rode l'islamiste post-moderne. Qui dit mieux ?
Comme Luchini caviarde quelque peu le texte, le voici en entier.

Tombeau pour une touriste innocente

jeudi 3 janvier 2019

L'année 2018 n'a jamais existé.


Nous vivons des temps épuisants. Chaque jour apporte la confirmation qu’il est pire que le précédent, et que rien n’inversera plus la tendance. Chaque année, quand vient l’heure du bilan, il semble qu’un pas de plus a été fait dans la mauvaise direction. Toujours plus de précarité sociale, toujours plus d’Europe, toujours plus de normes, toujours plus d’interdits moralisants, toujours plus de droits opposables au monde entier, toujours plus d’Emmanuel Macron, toujours plus de pubs, de ronds-points, de chômage de masse, de loisirs mortifères, d’attentats, de « tout-numérique », de supermarchés, de télé-cauchemar, de violence ordinaire, de laideur proliférante, de mensonge médiatique, de vagues de misère/migrants, d’associations flicaillonnes, de séparatisme culturel, de guerre au vivant, de ceintures à serrer, de délires sociétaux, toujours plus d’informations, de smartphones, d’alertes-info, de flash-info, de connexions à haut débit et toujours plus d’ignorance.