dimanche 25 avril 2010

Muray à la bouche.


J’ai déjà recommandé le travail de Luchini sur les textes de Muray, même si je n’ai pas eu l’occasion de le voir moi-même : avec ces deux-là, je n’ai pas de mérite à tomber juste. Finkielkraut invitait Luchini ce samedi dans Répliques, pour évoquer ce travail, et on a eu droit à un festival de très haut niveau.
On peut être un excellent acteur en demeurant un crétin, un inculte technicien doué jouant du Beckett le soir et militant pour une vie meilleure grâce aux couloirs de bus aménagés, le lendemain. Luchini est d’une autre trempe, non seulement c’est un acteur formidable, mais sa sensibilité n’étouffe pas son intelligence, il a compris, il est au niveau, ce qui le distingue de la plupart de ses collègues. Cette émission fait plaisir, tout simplement. Finkie et Luchini sont tellement dans la jubilation qu’ils se battent presque pour pouvoir réciter à l’antenne le plus de passages possible de Muray. Ça fuse de toutes parts, et l’intensité va en augmentant : quel dommage qu’on n’ait pas eu droit à une heure de plus, qui sait comment ça aurait fini ?
J’avoue n’être pas un fanatique des textes lus. Non pas que je nie le talent de certains pour l’exercice, mais j’ai simplement trop pris l’habitude du rapport direct et intime avec un auteur pour en changer. Eh bien c’est un tort ! Quand le texte est splendide, l’écouter lu par un autre peut être une véritable joie, même si le lecteur n’est pas un « professionnel » : le texte des vaches lu par Finkie, ça reste une merveille, ça te donne envie de sortir dans le pré d’en face, d’en choper une dans tes bras et de lui rouler le patin de l’année !