mercredi 22 décembre 2010

Le cinéma à coups de marteau


Ainsi, un acteur noir va jouer le rôle d’un dieu nordique dans un film à la con ? L’acteur britannique Idris Alba va en effet tenir le rôle de Heimdall (dont le nom signifie… dieu blanc) dans le film Thor, à paraître bientôt. On se doute bien que les producteurs du film n’ont pas trouvé mieux pour qu’on parle de leur chef d’œuvre dans un gros beuze. De ce point de vue, ils ont réussi leur coup, comme on peut le dire quand un détrousseur de vieille dame parvient à s’enfuir.

Je n’ai évidemment rien contre les acteurs noirs, pas plus que contre les dieux nordiques à grosse matraque. J’ai même une nette préférence envers les premiers, je l’avoue. Mais, au-delà de l’effet polémique recherché, on arrive quand même ici à une forme d’absurdité du plus gras comique. Au nom de l’indifférenciation de rigueur, fera-t-on jouer le rôle de Michel Petrucciani à Depardieu ? Dans la prochaine bio de Marie Curie, appellera-t-on Sébastien Chabal pour incarner la savante ? Et ce con de Clint Eastwood, pourquoi diable est-il allé chercher Morgan Freeman pour représenter Mandela ? Pourquoi ne lui a-t-il pas préféré Danny deVito ?

On connaissait les pseudos historiens qui tentent de faire passer les pharaons d’Egypte pour des Noirs africains (malgré Néfertiti, entre autres, dont le buste polychrome très blanc peut être admiré à Berlin). On va désormais se farcir une autre forme de révisionnisme, certes moins dangereux mais tout aussi pervers : celui qui consiste à imposer des fantasmes contemporains sur des mythologies anciennes, et bientôt sur l’Histoire. Je suis sûr de moi : on aura droit à un Charlemagne métis, à une Jeanne d’Arc asiatique, à un Gengis Khan Breton. Mieux : on verra Churchill incarné par Madonna, résistant de tout son britannique entêtement à un Will Smith déguisé en Hitler, tandis que dans sa furie de tout mélanger, le néo-cinéma moderne tournera la prise de Constantinople par les Mexicains et la découverte de l’Amérique par l’armée de Bourbaki.
On dit que les jeunes n’aiment plus l’histoire parce qu’ils la trouvent compliquée ? Ils vont se régaler.