Frédéric Lefebvre s’est fait jadis une réputation de pitbull en tenant un discours « décomplexé » sur un certain nombre de questions. Quand il était porte-parole de l’UMP, il déroulait ses mantras ultralibéraux avec l’assurance des prosélytes, bousculant la parole trompeuse des déreglementeurs de Code du travail ordinaires. Avec lui, au moins, on savait qui encule.
Puis, pour obtenir un poste de secrétaire d’Etat, il dût mettre de l’eau plate dans son Redbull. Il changea son look de voyou en chaussant, on s’en souvient, une rassurante paire de lunettes. Il sacrifia même à un rite bien français : se faire photographier un livre à la main – un vrai livre, de littérature, avec plus de mots que d’images ! Paris vaut bien une messe, disait l’autre.
Evidemment, même un enfant de cinq ans, même un type limité, même un étudiant en publicité sait qu’une peinture neuve ne transforme pas votre camionnette Zastava en cabriolet Porsche, pas plus qu’une paire de lunettes ne change un idéologue fulminant en gestionnaire bonhomme. Nous en avons un nouvel exemple avec l’énième tentative lefebvrienne d’annihilation du repos dominical. Travailler le dimanche, bientôt, faudra payer pour y échapper.
On sait que la guerre est une période favorable aux décisions audacieuses. Quand la victoire et la survie sont en jeu, les programmes industriels prennent du muscle, les recherches sont financées, les moyens sont concentrés sur l’essentiel, tout le monde est sommé de se sortir les doigts du cul. Et l’avantage de la « crise » économique que nous vivons, c’est qu’elle rend encore plus évident l’état de guerre où chaque péquin est plongé jusqu’au cou, son existence durant. Alors, puisque nous sommes en guerre (ou crise), fi des règles et des rythmes pépères de nos aïeux ! Hardi, petits consommateurs, la main à la poche, et vite ! C’est Lefebvre qui le dit ! Comme à Verdun, comme à la Marne, il ne s’agit plus de lambiner ! Le dimanche ? Je te lui explose sa face, moi ! Repos mes couilles !... Quoi… des soldes ? Parfait’ment ! des soldes toute l’année ! même le dimanche ! Faut dépenser, faut les lâcher, tas de pingres ! Le dimanche, en famille, han, dé ! han, dé ! à la caisse !… Bling ! direction les surgelés…han, dé !... et on s’arrête aux écrans plats, bande d’économes ! han, dé ! On rallonge la période des fêtes, oui, je décrète ! J’ordonne, je veux ! La fête du pognon ! C’est moi l’chef, bordel ! Han, dé !... Des affaires à faire… des ristournes, bizness ! des tas de soldes ! Secrétaire des tas, je suis ! le Commerce, c’est moi !... Qué dimanche, tas d’oisifs ? Qué repas à table avec la mémé ? Et pourquoi pas une ballade aux champignons, histoire de bouffer gratis, pendant qu’on y est ? Aux caisses, et qu’ça saute ! Je veux voir palpiter les CB !
Lefebvre comme à ses plus belles heures, comme au temps du pugilat… redevenu le pourfendeur des atermoiements, le sabreur de nuances, l’exécuteur du divin marché. Il en pouvait pu des lunettes… il en pouvait pu des bureaux vernis et du Que sais-je ? sur Voltaire. C’est un sanguin, Lefebvre, il ne cache jamais longtemps sa nature. Là, en pleine guerre, alors que la France coule et que la croissance repart vers l’abîme, alors que le Pèzident patauge et que sans rire, le pays s’apprête à voter François On Glande, il se dit que c’est le moment de l’estocade. Cible : tout ! A commencer par le dimanche, jour inutile et vestige du vieux monde, jour maudit, terne, calme, long, poussif, désert, jour mort et même pire : improductif ! Jour où les bœufs ont l’habitude de ne rien faire, de rester chez eux ou d’aller glander le long des quais, horreur ! Et même pendant les périodes de soldes ? Haaaa, que des magasins ferment alors que les Chinois sont à nos portes, il supporte pas, Lefebvre ! Il pense aux touristes, Lefebvre, qui sont là, sous nos yeux, les poches gonflées de désir, le morlingue prêt à éclater, les yeux plus gros que le bide devant des vitrines éteintes : fermé le dimanche ! Horreur ! Crime de lèse-bénéfice ! Le touriste, ce con, si on lui ouvre pas son Gifi le dimanche, si on lui ferme Ed l’épicier, il prend ses liasses sous le bras et va les semer en Angleterre, en Allemagne, au Benelux ! Encore un coup des étrangers ! Alors il rameute, il attaque, Lefebvre, il reprend l’initiative et remet le couvert. Et si ses arguments d’escroqueur d’enfants séduisaient les saligauds qui trouvent très pratique de faire des courses le dimanche, rien ne dit qu’on n’arriverait pas à l’enterrer définitivement, cette tradition chômée multiséculaire !
Quand ça commence à sentir le sapin pour une majorité, deux solutions : la fainéantise façon Chirac 2.0, ou l’excès de zèle façon Fillon. On réveille Guéant, on ressort Morano, on lâche Lefebvre, en se disant que ce qui sera arraché à la douceur de vivre sera toujours ça que ces cochons de payeurs n’auront plus.
Puis, pour obtenir un poste de secrétaire d’Etat, il dût mettre de l’eau plate dans son Redbull. Il changea son look de voyou en chaussant, on s’en souvient, une rassurante paire de lunettes. Il sacrifia même à un rite bien français : se faire photographier un livre à la main – un vrai livre, de littérature, avec plus de mots que d’images ! Paris vaut bien une messe, disait l’autre.
Evidemment, même un enfant de cinq ans, même un type limité, même un étudiant en publicité sait qu’une peinture neuve ne transforme pas votre camionnette Zastava en cabriolet Porsche, pas plus qu’une paire de lunettes ne change un idéologue fulminant en gestionnaire bonhomme. Nous en avons un nouvel exemple avec l’énième tentative lefebvrienne d’annihilation du repos dominical. Travailler le dimanche, bientôt, faudra payer pour y échapper.
On sait que la guerre est une période favorable aux décisions audacieuses. Quand la victoire et la survie sont en jeu, les programmes industriels prennent du muscle, les recherches sont financées, les moyens sont concentrés sur l’essentiel, tout le monde est sommé de se sortir les doigts du cul. Et l’avantage de la « crise » économique que nous vivons, c’est qu’elle rend encore plus évident l’état de guerre où chaque péquin est plongé jusqu’au cou, son existence durant. Alors, puisque nous sommes en guerre (ou crise), fi des règles et des rythmes pépères de nos aïeux ! Hardi, petits consommateurs, la main à la poche, et vite ! C’est Lefebvre qui le dit ! Comme à Verdun, comme à la Marne, il ne s’agit plus de lambiner ! Le dimanche ? Je te lui explose sa face, moi ! Repos mes couilles !... Quoi… des soldes ? Parfait’ment ! des soldes toute l’année ! même le dimanche ! Faut dépenser, faut les lâcher, tas de pingres ! Le dimanche, en famille, han, dé ! han, dé ! à la caisse !… Bling ! direction les surgelés…han, dé !... et on s’arrête aux écrans plats, bande d’économes ! han, dé ! On rallonge la période des fêtes, oui, je décrète ! J’ordonne, je veux ! La fête du pognon ! C’est moi l’chef, bordel ! Han, dé !... Des affaires à faire… des ristournes, bizness ! des tas de soldes ! Secrétaire des tas, je suis ! le Commerce, c’est moi !... Qué dimanche, tas d’oisifs ? Qué repas à table avec la mémé ? Et pourquoi pas une ballade aux champignons, histoire de bouffer gratis, pendant qu’on y est ? Aux caisses, et qu’ça saute ! Je veux voir palpiter les CB !
Lefebvre comme à ses plus belles heures, comme au temps du pugilat… redevenu le pourfendeur des atermoiements, le sabreur de nuances, l’exécuteur du divin marché. Il en pouvait pu des lunettes… il en pouvait pu des bureaux vernis et du Que sais-je ? sur Voltaire. C’est un sanguin, Lefebvre, il ne cache jamais longtemps sa nature. Là, en pleine guerre, alors que la France coule et que la croissance repart vers l’abîme, alors que le Pèzident patauge et que sans rire, le pays s’apprête à voter François On Glande, il se dit que c’est le moment de l’estocade. Cible : tout ! A commencer par le dimanche, jour inutile et vestige du vieux monde, jour maudit, terne, calme, long, poussif, désert, jour mort et même pire : improductif ! Jour où les bœufs ont l’habitude de ne rien faire, de rester chez eux ou d’aller glander le long des quais, horreur ! Et même pendant les périodes de soldes ? Haaaa, que des magasins ferment alors que les Chinois sont à nos portes, il supporte pas, Lefebvre ! Il pense aux touristes, Lefebvre, qui sont là, sous nos yeux, les poches gonflées de désir, le morlingue prêt à éclater, les yeux plus gros que le bide devant des vitrines éteintes : fermé le dimanche ! Horreur ! Crime de lèse-bénéfice ! Le touriste, ce con, si on lui ouvre pas son Gifi le dimanche, si on lui ferme Ed l’épicier, il prend ses liasses sous le bras et va les semer en Angleterre, en Allemagne, au Benelux ! Encore un coup des étrangers ! Alors il rameute, il attaque, Lefebvre, il reprend l’initiative et remet le couvert. Et si ses arguments d’escroqueur d’enfants séduisaient les saligauds qui trouvent très pratique de faire des courses le dimanche, rien ne dit qu’on n’arriverait pas à l’enterrer définitivement, cette tradition chômée multiséculaire !
Quand ça commence à sentir le sapin pour une majorité, deux solutions : la fainéantise façon Chirac 2.0, ou l’excès de zèle façon Fillon. On réveille Guéant, on ressort Morano, on lâche Lefebvre, en se disant que ce qui sera arraché à la douceur de vivre sera toujours ça que ces cochons de payeurs n’auront plus.