Si la sécurité sociale avait été un peu plus efficace, Humphrey Bogart fêterait aujourd'hui son cent quatorzième anniversaire. Il était né le 23 janvier 1899, ce qui semble une date pas plus mauvaise qu'une autre pour venir au monde.
Les acteurs de la grande époque ont été conçus comme des icônes. Ils n'avaient pas pour fonction d'être comme vouzémoi, ni de servir de modèle au premier péquin venu. En tant que stars, ils devaient illuminer le ciel et servir de points de repères inatteignables à nos sordides destinés. C'est d'ailleurs devenu leur faiblesse : le star système démoli, ils nous apparaissent aujourd'hui comme de curieux anachronismes, avec leurs poses, leurs sourires permanents, leurs coiffures impecc. Marilyn Monroe en est la quintessence, d’où la valeur incroyable des rares photos où elle semble « normale ». Art de l’artifice, le cinéma pouvait bien logiquement créer des idoles artificielles. Il s’agissait de faire rêver après tout, ambition plutôt noble, et si reposante, avant nos acteurs engagés, militant 24 fois par seconde…
Bien qu’il ait été une star, Humphrey Bogart a su garder (au moins pour moi) une certaine proximité avec les êtres humains normaux. C’était sans doute plus facile à faire pour lui, en tant qu’homme, que pour ses copines de panthéon. Les stars féminines avaient pour unique mission de porter le statut d’objet de convoitise, traditionnellement dévolu à ces dames, à un point d’incandescence permanent. Quand on s’appelle Greta Garbo, ou Ava Gardner, pas question de faire ses courses chez Auchan ni de repasser son linge soi-même !
Bogart, lui, cultivait ce curieux équilibre d’élégance et de nonchalance, une sorte de clint-eastwoodisme avant la lettre, old school. Il savait même être « négligé », dans une époque où l’on quittait à peine sa cravate pour prendre son bain. Charme de la virilité sûre d’elle-même. Qu’est-ce qu’un acteur, après tout, à part un corps qui bouge ? Nous aimons un acteur à travers les années parce qu’il a joué dans de grands films, ou parce qu’il incarne parfaitement une époque. Bogart cumule les deux. Il est l’acteur emblématique d’un genre qui a atteint d’emblée sa perfection : le film noir. Ça suffit pour faire une gloire, non ?
Dans ce petit extrait de The big sleep (Le grand sommeil- Howard Hawks 1946), goûtons le piquant des dialogues entre Bogart et celle qu'il avait épousée un an auparavant, Lauren Bacall, toujours vivante aujourd'hui.
Si ça se trouve, comme nous en ce 23 janvier, elle pense à lui.
Les acteurs de la grande époque ont été conçus comme des icônes. Ils n'avaient pas pour fonction d'être comme vouzémoi, ni de servir de modèle au premier péquin venu. En tant que stars, ils devaient illuminer le ciel et servir de points de repères inatteignables à nos sordides destinés. C'est d'ailleurs devenu leur faiblesse : le star système démoli, ils nous apparaissent aujourd'hui comme de curieux anachronismes, avec leurs poses, leurs sourires permanents, leurs coiffures impecc. Marilyn Monroe en est la quintessence, d’où la valeur incroyable des rares photos où elle semble « normale ». Art de l’artifice, le cinéma pouvait bien logiquement créer des idoles artificielles. Il s’agissait de faire rêver après tout, ambition plutôt noble, et si reposante, avant nos acteurs engagés, militant 24 fois par seconde…
Bien qu’il ait été une star, Humphrey Bogart a su garder (au moins pour moi) une certaine proximité avec les êtres humains normaux. C’était sans doute plus facile à faire pour lui, en tant qu’homme, que pour ses copines de panthéon. Les stars féminines avaient pour unique mission de porter le statut d’objet de convoitise, traditionnellement dévolu à ces dames, à un point d’incandescence permanent. Quand on s’appelle Greta Garbo, ou Ava Gardner, pas question de faire ses courses chez Auchan ni de repasser son linge soi-même !
Bogart, lui, cultivait ce curieux équilibre d’élégance et de nonchalance, une sorte de clint-eastwoodisme avant la lettre, old school. Il savait même être « négligé », dans une époque où l’on quittait à peine sa cravate pour prendre son bain. Charme de la virilité sûre d’elle-même. Qu’est-ce qu’un acteur, après tout, à part un corps qui bouge ? Nous aimons un acteur à travers les années parce qu’il a joué dans de grands films, ou parce qu’il incarne parfaitement une époque. Bogart cumule les deux. Il est l’acteur emblématique d’un genre qui a atteint d’emblée sa perfection : le film noir. Ça suffit pour faire une gloire, non ?
Dans ce petit extrait de The big sleep (Le grand sommeil- Howard Hawks 1946), goûtons le piquant des dialogues entre Bogart et celle qu'il avait épousée un an auparavant, Lauren Bacall, toujours vivante aujourd'hui.
Si ça se trouve, comme nous en ce 23 janvier, elle pense à lui.